Titre

Mont-Revêche

Genre

roman

Date de la première parution en volume, chez Cadot
(4 vol. ; in-8°)

1853

Édition présentée

Le Rocher - 1989
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Résumé de l'oeuvre

Deux jeunes gens, amis de longue date, tous deux nobles, l'un, Flavien de Saulges, par la naissance et l'autre, Jules Thierray, par l'instruction, ont l'opportunité de quitter Paris où ils s'ennuient, pour pénétrer l'intimité provinciale d'une famille intéressante, les Dutertre. Flavien a hérité d'une tante un domaine qu'il souhaite vendre au député Dutertre. Thierray, quant à lui, est tombé amoureux de Mme Dutertre. Il ne s'empêche pas de rêver à une idylle bien qu'il s'agisse d'une femme très vertueuse et estimable et que Thierray ait beaucoup de respect pour son mari. Ce dernier l'a de plus aimablement invité chez lui.
En entrant dans le foyer des Dutertre, Flavien et Thierray font la connaissance des trois filles que le député a eu d'un premier mariage et de son neveu, Amédée. Il règne dans cette maison une atmosphère très pesante. En effet, l'aînée des filles, Nathalie, torture moralement et quotidiennement, Olympe sa belle-mère qu'elle ne veut pas accepter. Pour soigner ses attaques de nerfs, Olympe prend de l'opium qui lui donne un air vague et absent. Dutertre ne s'est pas aperçu de l'état maladif de sa femme, ni de cruel caractère de sa fille Nathalie.
La deuxième fille, Eveline, n'est hostile à sa belle-mère qu'entraînée par Nathalie. C'est une jeune femme coquette et inconséquente. Seule la benjamine, Caroline, voue à Olympe une vive affection car cette dernière fait son possible pour que tout le monde soit heureux. Le neveu, Amédée Dutertre, veuille de près sur la petite famille et est secrètement amoureux d'Olympe.
Thierray oublie rapidement ses vues sur Mme Dutertre pour s'intéresser à Emeline. Il se méfie pourtant du caractère vaniteux de la jeune fille et ne se livre pas entièrement.
Nathalie profite de la présence de Flavien pour ourdir un complot contre sa belle-mère. Elle dépose des fleurs d'azalée sur le chemin du jeune homme et dans la robe d'Olympe. Flavien, abusée par le regard vague de Mme Dutertre, s'imagine qu'elle s'intéresse à lui. Plus tard, une correspondance est échangée où Olympe met les choses aux points : elle n'aime que son mari.
Emeline veut forcer l'affection de Thierray qui se dérobe. Elle se rend nuitamment dans la demeure de Flavien. Elle se blesse gravement à la cheville en tombant dans des éboulis. Sa réputation est en danger. Il faut trouver le moyen de la faire quitter discrètement la demeure de Flavien alors qu'elle ne peut se déplacer par elle-même.
En quête de Dutertre, Flavien et Thierray rencontrent Olympe qui rend visite à des malades. La jeune femme parvient à ramener discrètement Emeline chez elle.
Nathalie profite de cette aventure pour faire croire à son père qu'Olympe est allée chez Flavien par amour.
Affolée par la colère de son mari qui lui est incompréhensible et déjà très souffrante, Olympe tombe dans une sorte de paralysie. Dutertre sort dans l'intention de combattre Flavien en duel, mais Thierray parvient à le raisonner et à lui faire connaître la vérité. Malheureusement l'aventure est fatale à Olympe qui décède. Thierray épouse Emeline, Amédée et Caroline les imiteront bientôt, mais Nathalie a perdu toute chance de gagner le coeur de Flavien auquel elle s'intéressait.

Extrait

Dutertre éprouvait pour cette jeune femme tous les transports de la passion, mais ce n'était pas l'unique cause de son attachement pour elle. C'était, avant tout, une estime profonde, un respect sans bornes, une tendresse inépuisable. Il l'aimait comme sa femme, peut-être encore plus que comme sa maîtresse. C'était une affection aussi complète, aussi vaste, aussi élevée que l'âme qui lui servait de sanctuaire.
Il la regarda se rendormir, plongé dans une extase respectueuse ; car il y avait, dans sa passion, de ces moments d'idolâtrie où il se trouvait heureux de la contempler sans qu'elle y prît garde. Mais une douleur vague traversa tout à coup son rêve de bonheur :
- Si elle était malade ! pensa-t-il, si j'allais la perdre !
Et une sueur froide glaça son front.
- Pourquoi donc cette idée ? se dit-il encore. Est-ce un pressentiment ? Est-ce l'instinct de la misère humaine qui nous présente toujours le souvenir de la mort au sein des délices de la vie ?

Les éditions

19e siècle : Librairie nouvelle 1855, 1857 - Michel-Lévy Frères 1861, 1869