L'HISTOIRE D'UNE VIE ET D'UNE EPOQUE
1864. George Sand est au sommet de sa gloire : au succès de ses romans vient s'ajouter celui de son théâtre. Elle vit une relation heureuse avec Alexandre Manceau, un graveur qu'elle a connu à Nohant et qui l'accompagne depuis bientôt 14 ans. C'est lui qui vient de lui faire acheter cette belle maison de Palaiseau où commence la pièce. Ils vont pouvoir profiter de la proximité de Paris rendue aisée par la récente construction du chemin de fer.
J'ai bouleversé l'ordre chronologique choisi par Huguette Bouchardeau pour lui préférer, à partir de ce moment palaisien, une construction dramatique et dynamique entre présent et passé, une histoire qui met le projecteur sur Manceau, ce compagnon beaucoup moins connu que Musset ou Chopin. "Le bon Manceau", comme elle le nomme si affectueusement, mérite tant d'être rencontré et aimé, même si nous n'oublierons pas dans le spectacle ses deux "amants vedettes" lors d'étonnantes apparitions.
Partout dans le monde, à l'approche du bicentenaire de sa naissance, un regain d'intérêt s'affirme pour la vie et l'Ïuvre de George Sand, tant au cinéma que sur les planches. J'ai voulu contribuer à cet élan en présentant, à partir de la belle et chaleureuse biographie de Huguette Bouchardeau une approche originale de la vie de l'écrivain : une troupe de comédiens d'aujourd'hui, sous la direction d'un auteur-metteur en scène, est en train de construire son futur spectacle : "La Lune et les Sabots". Or ils rencontrent une difficulté : comment faire apparaître cette femme mythique et surtout comment trouver une comédienne qui pourrait l'interpréter, magnifiquement, comme un sosie que chacun reconnaîtrait immédiatement ?
Ce pari, la Compagnie Hellequin l'a gagné et le public des 12 premières représentations - à guichets fermés ! - ne s'y est pas trompé en lui réservant un accueil enthousiaste. Voici maintenant, à la disposition de votre théâtre, en 90 minutes d'un spectacle haut en couleurs, cinq magnifiques comédiens qui vous feront traverser avec passion, tendresse et humour une vie et une époque si proche de la nôtre par l'extraordinaire modernité de la pensée et de l'existence de George Sand.
Pierre GILLES
SYNOPSIS
1er tableau : "La Lune et les Sabots"
Une femme, metteur en
scène d'un spectacle intitulé "La Lune et les Sabots"
qu'elle est en train de créer, dit aux trois comédiens
qu'elle a engagés pour cette aventure la difficulté et
la joie qu'elle a eues à approcher la personnalité de
George Sand. L'évocation de l'héroïne suffit
à la faire apparaître soudain, posant devant l'appareil
photographique de Nadar, dans un lieu peut-être
rêvé, son atelier parisien en 1864.
2e tableau : "Chez Nadar"
George Sand et Nadar en
séance de pose pour la célèbre photographie.
Souvenirs de son enfance et de sa jeunesse qui lui donnent envie de
rentrer à Palaiseau pour retrouver Manceau et compléter
quelques chapitres de "Histoire de ma vie".
3e tableau : "Amantine"
Sous le prétexte
de l'écriture, "flash-back" à Nohant en 1821 où
l'on trouve une jeune comédienne qui interprète le
souvenir de George : Aurore à 17 ans. Effusions, mysticisme,
amour de la campagne berrichonne, sentiments amoureux pour
Stéphane de Gransagne, mort de Mme de Francueil, sa
grand-mère.
4e tableau : "Palaiseau"
Au petit matin, on
découvre la belle relation sentimentale qui unit George Sand
et Alexandre Manceau. Projets pour la nouvelle maison, souvenirs de
Nohant, de Gargilesse. George, seule, nous dit son amour pour
Manceau... et pour les confitures.
5e tableau : "Casimir"
Nohant, 1828. "Flash-back" : Aurore, ou plutôt Mme Dudevant, et les tâches ménagères, l'ennui matrimonial, l'aventure avec Aurélien de Sèze.
George Sand, au petit
matin, a bouclé son chapitre de "Histoire de ma vie" et nous
raconte, désabusée, les désillusions de son
mariage avec Casimir Dudevant.
6e tableau : "La femme-auteur"
Quelques jours plus
tard. George Sand et Nadar : elle lui raconte la raison de son
célèbre travestissement en homme. De l'autre
côté de la scène apparaît Aurore en
redingote et pantalon : elle revit l'aventure avec Jules Sandeau, la
genèse du pseudonyme "George Sand", son goût de la
liberté à Paris, le métier d'écrire.
Par-delà le temps et l'espace, une joyeuse complicité
s'installe entre George Sand et son interprète
d'aujourd'hui.
7e tableau : "Musset"
George Sand se souvient de sa liaison orageuse avec Musset.
Sur l'autre scène, le metteur en scène tente, avec ses jeunes comédiens, de nous faire partager en quelques répliques leur rencontre, leur passion, leurs déchirements et leurs retrouvailles : une épopée fulgurante du romantisme dans l'amour.
8e tableau : "Chopinet"
Les comédiens ont investi le décor d'intérieur et évoquent avec des marionnettes de Nohant, et avec ironie, la célèbre liaison amoureuse que Chopin eut avec George Sand. Par la magie du théâtre, celle-ci intervient, rétablissant quelques vérités. Elle se rappelle alors ce qui suivit cet amour : les événements de 1848.
9e tableau : "1848"
La jeune comédienne joue George Sand dans les événements de la Révolution de Juillet et son retour à l'engagement politique.
10e tableau : "Manceau est mort"
Palaiseau. Manceau est mort, George Sand nous dit sa douleur.
11e tableau : "Laissez verdure"
Les comédiens évoquent les dernières années de George Sand et sa disparition le 8 juin 1876. Que reste-t-il aujourd'hui de ses écrits ?
COURRIER REÇU
Le 29. 03. 98
"Monsieur,
Je ne peux que me réjouir de votre initiative .../... Ce que j'ai lu de votre texte me parait de très bonne qualité .../..."
Huguette BOUCHARDEAU
"Monsieur,
Instruit par l'expérience, je me suis rendu à la "Mare au Diable" dimanche sans conviction et pour remplir un devoir. Mot qui entraîne la satisfaction, mais pas toujours le plaisir.
J'en suis revenu conquis. Vous avez utilisé les documents d'une façon à la fois adroite et honnête, qui donne de George Sand, personnage souvent controversé, une image indemne des préjugés courants. Chemin faisant, j'ai reconnu les documents que vous avez mis dans la bouche de vos deux actrices principales, qui vous ont bien servi, et j'ai admiré votre art de greffer des textes authentiques sur le dialogue inventé.
Et comme metteur en scène, on doit aussi vous rendre hommage.
J'espère que l'ambition dont vous m'avez fait part sera satisfaite, que votre pièce pourra se produire devant un public élargi. Elle le mérite, et je souhaite vous applaudir de nouveau à cette occasion.
Georges LUBIN
Boulogne, le 12 octobre 1999