Présentation
de l’œuvre de George Sand
texte de Cécile Pichot
Introduction
:
La plupart d’entre nous ne connaît de George Sand que
les fameux romans champêtres : La mare au diable, La
petite fadette, et François le champi, œuvres
que nous avons entrevues lors de nos études au collège.
Quelle n’est pas alors notre surprise lorsque nous découvrons,
lors d’une flânerie dans une grande librairie parisienne,
que George Sand est l’auteur de nombreuses autres œuvres
à commencer par Indiana.
Bibliographie
:
Comment connaître la liste complète de ces œuvres,
alors que chaque nouvel ouvrage que nous feuilletons, propose une
bibliographie sélective différente et enrichie de nouveaux
titres ?
Heureusement, Charles Spoelberch de Lovenjoul (1836-1907), vicomte
belge passionné de littérature française, nous
a laissé une liste détaillée de tout ce que George
Sand a fait paraître. Ce travail a été publié
sous le titre George Sand. Etude bibliographique sur ses Œuvres
(Henri Leclerc, 1914). Il est également indispensable de consulter
l’édition de la Correspondance de George Sand
réalisée par Georges Lubin aux éditions Garnier
(voir bibliographie) pour compléter les informations laissées
par le vicomte. Georges Lubin a reconstitué, jour par jour,
la vie de George Sand, sous forme de petites fiches (une fiche pour
une journée). Ce travail énorme et passionnant, qu’il
s’agirait maintenant de numériser et d’analyser,
se trouve à la Bibliothèque de l’Institut de France
à Paris.
Correspondance
:
L’importance de la correspondance de George Sand fut telle que
l’administration des postes de son époque portait une
attention particulière au bureau berrichon où elle déposait
ses missives.
La publication de ses écrits aux éditions Classiques
Garnier/Bordas, puis du Lérot, compte 26 volumes et bientôt
27.
Ces lettres sont souvent de véritables œuvres littéraires
qui sont publiées, du vivant de George Sand, dans les journaux
et parfois même en volumes.
Œuvres
autobiographiques :
Les œuvres autobiographiques de George Sand ont été
éditées par Georges Lubin, chez Gallimard, dans la collection
de luxe La Pléiade, en 2 volumes.
La plus importante de ces œuvres, Histoire de ma vie,
a été publiée très récemment en
poche chez Garnier Flammarion (édition sélective par
Damien Zanone). Elle couvre les cinquante premières années
de la vie de la romancière, ainsi qu’une bonne partie
de la vie de son père, Maurice Dupin. Ceux qui y chercheraient
d’excitants récits sur sa vie amoureuse, seraient déçus.
Mais souvent, en lisant Histoire de ma vie, nous sommes étonnés
de tomber sur une réponse apaisante à une interrogation
doulouseuse de notre propre vie. C’est un peu comme si le temps
et l’espace s’effaçaient et que l’écrivain
nous parlait doucement à l’oreille.
Ecrits
journalistiques :
George Sand débuta sa carrière d’auteur professionnel,
en février 1831, en écrivant pour le journal Le
Figaro, grâce à son compatriote berrichon Latouche.
Elle ne cessera jamais d’écrire pour les journaux, des
critiques littéraires, des hommages et nécrologies,
des articles de fond sur la politique, la société, les
arts…
En 1848, elle créa son propre journal La Cause du peuple,
qui eut malheureusement une durée de vie éphémère
: 3 numéros parus les 9, 13 et 23 avril 1848.
Le recensement et l’étude de ses écrits journalistiques
restent à réaliser.
Œuvre
théâtrale :
George Sand débuta sa carrière d’auteur dramatique
en 1840 avec la représentation de Cosima au Théâtre
Français, qui fut un échec.
Le vrai démarrage de sa carrière théâtrale
eut lieu en 1849 avec François le champi à
l’Odéon
A cette époque, George Sand commença à roder
ses pièces dans le petit théâtre installé
dans sa maison de Nohant, devant un public familial et d’amis.
La représentation du Marquis de Villemer à
l’Odéon en 1864, qui fut un véritable triomphe,
fut l’apogée de la carrière théâtrale
de George Sand qui s’achèvera avec la représentation
de L’Autre à l’Odéon en 1870.
L’œuvre théâtrale de George Sand comporte
plus d’une trentaine de pièces représentées
le plus souvent à l’Odéon, au Gymnase ou à
la Comédie Française.
L’écriture, pour George Sand, ne fut pas seulement une
activité professionnelle, mais aussi un loisir. C’est
ainsi qu’elle écrivit plusieurs petites pièces
pour le théâtre de marionnettes de son fils Maurice qui
amusait famille et amis.
Ecrits
politiques :
En 1848, George Sand collabora au gouvernement provisoire en écrivant
des articles pour le Bulletin de la République. Elle
écrivit aussi de nombreux autres articles politiques pour différents
journaux.
Ces écrits politiques ont été publiés,
partiellement, dans l’ouvrage édité par Michelle
Perrot pour l’Imprimerie Nationale : George Sand. Politique
et polémiques. Elle défend les opprimés,
se bat (sans succès) pour que des ouvriers et des paysans participent
à la vie politique et elle est résolument républicaine.
Romans,
nouvelles, contes :
George Sand est avant tout une grande romancière. Sa production
est importante, plus d’une centaine de romans, nouvelles et
contes et l’on ne peut d’emblée en négliger
aucun. L’histoire de Robert Lytton (1831-1891), diplomate anglais,
fils d’un célèbre romancier, qui fait sauver d’un
lourd moment dépressif par la lecture de Lavinia,
en est la preuve (cette histoire est relatée par Jean Gaulmier,
sous le titre « A propos de Lavinia » dans la
revue Les Amis de George Sand, nouvelle série n°4,
1983, pp.20-22).
Alors par quelles œuvres débuter sa lecture de George
Sand ?
Nous rencontrons tous, au cours de nos vies, le problème de
la résistance à une autorité abusive. La lecture
du Péché de Monsieur Antoine apporte en cette
circonstance un grand réconfort.
Après la chûte du mur de Berlin et l’effondrement
de l’Empire Soviétique advint également la faillite
des vieilles utopies. Il est temps à présent d’en
inventer de nouvelles. La lecture de Mademoiselle Merquem
est une source d’inspiration.
Qu’est-ce qui fait la véritable force des classes dominantes
de notre société ? C’est d’avoir un passé,
une mémoire, des racines, des personnages forts pour modèles.
George Sand, avec les romans champêtres, a voulu donner aux
classes défavorisées la fierté de ce que fut
leur culture afin qu’elles puissent s’appuyer sur leur
passé.
Et pour ceux, qui comme moi, affectionnent particulièrement
le genre fantastique, je conseille la lecture de Laura, voyage
dans le cristal.
Aller
à la découverte de l’œuvre de George Sand,
c’est comme partir à la chasse aux trésors, seuls
les cœurs purs pourront passer les obstacles. N’est-ce
pas Indiana ?